Bonjour .
J'ai retracé ici en quelques pages ce que plusieurs d'entre nous ont du vivre avant d' acquérir leur belle.
La fin a déjà été évoqué ici, mais j'ai englobé pour ceux qui ne m'avaient pas encore lu.
X6dreamEn ce mois d’Octobre 1977, je traîne mes 26 ans dans les allées du salon moto.
Plus à la recherche du rêve que d’une réalité inabordable pour moi jeune mécanicien en début de carrière.
Je flâne au fil des marques Allemandes, Italiennes, Japonaises…….. STOP … pas la peine d’aller plus loin.
J’avais rarement ressenti cette merveilleuse sensation de bien être mêlée de béatitude qui vous immobilise d’admiration.
Une magnificence mécanique se dresse devant moi. Tournoyante lentement sur son socle elle me fait admirer ses lignes « callipyges » .
En clair, j’ai la gaule !!!! Combien de temps suis-je resté à la contempler ??? Le temps s’est arrêté.
Muni de toutes les brochures disponibles, je reprends ma visite. Toutes les autres machines me paraissent insipides malgré tous les charmes qu’elles déploient.
Comment chasser à présent cette divine apparition qu’une dure réalité va reporter au rang de l’utopie. Moi le jeune marié fraîchement devenu papa.
Je me surprends à envier les gens aisés. Ceux qui dés les premières livraisons vont pouvoir tourner la clé de contact.
C’est mal et ça ne me ressemble pas. Du moins pas du tout avec l’éducation que mes parents mon inculqué.
Après un dernier détour et un dernier adieu à la belle, je me décide à aller rejoindre mon vieux flat-twin qui m’attend garé devant l’entrée du parc des expositions.
Elle m’apparaît soudainement comme une vieille femme à la poitrine tombante.
J’en ai longtemps rêvé et épluché toutes les revues spécialisées de l’époque.
Par la suite je suis souvent allé baver chez les concessionnaires. Et encore plus avec l’arrivée des magnifiques Martin .
Puis, les années ont passées. On parlait moins de CBX et les aléas de la vie ne m’ont pas étés favorables pour concrétiser mon « dream ».
Mais un « salopard » passait régulièrement vers 22 heures faisant hurler son six en un sous mes fenêtres le long de la N20 .
Merci à toi que je n’ai jamais pu rencontré d’avoir entretenu mon désir inassouvi.
Toujours à refaire à plaisir mon chemin de croix je souffle mes 57 bougies. Bien sur quelques modèles réduits trônent dans ma vitrine. Piètre consolation …
La maison étant au goût de madame. Les enfants parti voir si l’herbe est plus verte ailleurs, et surtout disposant de la place nécessaire à l’accueillir, je n’ai plus de raison de ne pas passer à l’acte.
Ce 10 juin 2008 j’ai rendez-vous avec une amie virtuelle de longue date.
Un ami, de longue date aussi, vient de garer sa X5 attelée devant mon portail.
Direction Saint Privat en Ardèche. C’est parti pour 600 kms d’asphalte.
C’est assez étonnant d’aller chercher le fruit de ses rêves dans un si petit village perché dans la montagne. Encore plus étonnant qu’elle réside depuis de nombreuses années dans cette très ancienne cave vouté. Le propriétaire ne m’apparaît pas comme un grand maniaque au vu du capharnaüm ambiant, mais il quand même prit soin de la couvrir.
J’avoue ne pas l’avoir détaillé, un peu comme un jeune amoureux trop pressé d’aller mettre l’andouillette au four. D’une part parce que mon bût premier était une restauration complète.
Et d’autre part le prix vraiment alléchant de l’ensemble. La machine et deux caisses de pièces. Soit 1500€. Cerise sur le « chapeau » elle tourne. Pas bien, mais sur ses six pattes
Elle n’est plus franchement d’origine, mais je ne peux pas me montrer difficile. C’est déjà une grande satisfaction de savoir qu’elle est mienne.
A 11 heures nous reprenons la route vers Paris .

Au premier arrêt casse croute mon œil est attiré par une substance grasse qui s’écoule sur le rail de la remorque. Je ne m‘y attarde pas plus.
Au deuxième arrêt le rail fait office de rigole, et ça ne fait pas rigoler mon pote.
Au troisième arrêt, on vidange le moteur par respect pour les éventuels motards suiveurs.
Demain sera un autre jour moins enchanteur.
Deux questions se posent. Une restauration sommaire ou une restauration complète ?
L’envie et le courage ne sont pas des facteurs contraignants. Je suis mécano donc je peux. Le cout va être plus problématique.
Je suis quand même, enfin, je crois, en âge de raison. Tout en me rendant bien compte que pour ce prix ça devait cacher quelque chose. J’avais tablé sur 1500€ de frais divers pour la faire roulante. Vision très économe de ma part.
De prime abord savoir pourquoi madame se répand joyeusement.
Plein d’huile fait et moteur en fonctionnement, boitant et fumant, je m’installe en position de gisant. De la 15W40 s’égoutte légèrement à l’arrière droit du moteur. Puis goutte, puis coule. Ce n’est pas cool …
D’un naturel optimiste je pense illico à un joint. Bombe de nettoyant et soufflette en main j’approfondi.
Mon optimisme s’embrume au fur et à mesure de la zone de fuite.
Sous la crasse apparaît une croûte grisâtre un peu avant la fixation inférieure arrière. D’un coup de tournevis la croûte cède et laisse place à une jolie fissure d’environ cinq centimètres.
Tout est dit …alea jacta est …. Tu en as pour tes 1500 euros mon vieux gars.
Peut-être tant pis et peut-être tant mieux car la question de la réfection moteur ne se pose plus.
Puisque une CBX sans moteur n’est plus qu’une CB, tout au plus.
C’est clair et pas « niet » le vendeur était un filou. Je ne suis réellement surpris. Juste un peu déçus de devoir attendre encore quelques mois, peut-être, années …
Je m’y colle et à dieu va.

D’entrée on se dit qu’il y a du monde là dedans, ça pèse un âne mort.
Les habitués verront de suite que je n’ai pas ressenti le besoin de lire les conseils de dépose. Et que ça fait bricolage de fond de cour.
Donc, prévoir de fabriquer deux pieds avant pour stabiliser le moteur.
C’est sur que le carter ne risque plus grand dommage.
J’étais parti sur l’idée de faire souder le carter. Ca c’était avant de l’ouvrir.
Une fois les entrailles à l’air on y voit plus clair, même trop clair. Et on a l’air d’un con de pigeon.
Il n’y a pas que le carter inférieur de fendu. Le supérieur aussi.
Pourquoi ? Comment ?
Je tente quand même un coup de fil au filou. Qui a du s’empresser de virer le carton imprégné d’huile qu’il avait du placer sous le moteur pour ne pas souiller le sol crasseux de sa caverne.
Comme je le devinais, il tombe des nues. Il y avait un petit suintement, certes, mais pas de grosse fuite. Ben !!! Voyons !!!!
Il avance même l’hypothèse que je l’aurais malencontreusement laissé tomber.
Je lui parle de l’emplâtre cache misère. Clic ….. Absent aux abonnées depuis ce jour.
Le bel emplâtre et la fissure supérieure, carter retourné.


Les dieux de la mécanique ayant entendu ma supplique je me dirige vers mon lieu de prières.
Plus exactement mon cabanon ou j’entasse mes pièces.
Dans les deux caisses fournit avec la moto il y a un peu de tout. Rampe de carbus , pièces moteurs divers, partie cycle , freins et , oh miracle, un carter inférieur.
Miracle rapidement transformé en mirage. Que faire d’un demi-carter ? Ils sont appairé. Et même si j’avais eu un supérieur, comment être sur qu’ils sont jumeaux ?
Eventuellement en mesurant les alésages.
Inutile de se torturer les méninges d’avantage. Je me mets en chasse d’un carter complet.
Cher, très cher, trop cher pour ma petite bourse.
Dans l’espoir de trouver l’objet rare je continue l’inventaire des pièces à remplacer et le chiffrage.
La métrologie cylindres pistons est effectuée par un ami équipé. Réalésé en, 0,25 l’ensemble ne doit pas avoir plus de 10000 kms ; d’après le pro du comparateur.
C’est une bonne nouvelle.
Les disques d’embrayage ont encore de beaux jours devant eux.
Il y a des choses que l’on a du mal à expliquer, car la chaîne primaire gratte la pipette d’huile et la distribution est à bout de course.
Enfin, si.
Il y a des gars qui réalèsent en laissant une chaîne de distribution pas loin de casser.
C’est osé, mais ça existe.
Suite de la visite.
Les soupapes fuient. Je crains de les trouver creusées. Elles le sont un peu, mais ne justifiant pas leur remplacement pour les roulages occasionnels que je vais faire.
Ce sera un rodage soupapes en bonne et dû forme et une rectification des sièges.
Il n’y a pas de fissure dans les chambres de combustion.
Les AAC ne sont pas marqués, mais deux paliers, le 1 et le 6 ont une vis cassée.
Avant de me lancer dans le long rodage des 24 soupapes je fais un contrôle des jeux au plastigage.
Tous les paliers sont dans les tolérances. Ouf ..

Le rodage soupapes effectué, je mets le moteur en attente pour une auscultation de l’usine à gaz.
Là encore, contre toute attente, c’est propre. Je ne m’autorise que des pointeaux et des joints neufs.
J’en profite pour placer deux tubes sur les carbus centraux pour faciliter le réglage synchro.
Un peu,,, beaucoup ,,, dans l’expectative de trouver enfin ce carter , je me décide à contacter un bon soudeur alu . Il me demande trois semaines de patience, Bah , normal , il a bonne réputation , donc beaucoup de travail.
Quelques jours plus tard, je navigue sur le web, comme chaque matin au chant du coq, vers 4 heures 30 . Oui Monsieur ici le coq est très matinal.
Ou je suis encore dans un rêve ou mal éveillé.
Doux Jésus ce n’est pas possible, non !!! « Messie « « messie »
A 20 kms de chez moi un gars vend un moteur complet pour 150€ . Ce n’est pas loin du prix de la ferraille.
J’ose, j’appelle, j’y vais. Le moulin est au fond d’un hangar qui a brûlé. Le couvre culasse est boursoufflé. En revanche, les carters latéraux sont juste un peu noircis et le bloc, hormis la couche de terre séchée ou cuite, n’a pas l’air d’avoir subit de dommage.
On charge le bouilleur à l’arrière de ma clio qui n’a pas roulée plus vite avec 10 cylindres.
Je vous passe les mots d’oiseau de ma tendre épouse quand je lui ai demandé un p’tit effort pour extraire le bestiau du coffre.
Les apparences sont parfois trompeuses. Monsieur me dévoile des entrailles de jeune homme.
Mais un jeune homme trop sédentaire. Je pensais réutiliser le bas moteur, vilo , bielles. Que nenni… Le tourillon droit est bouffé par la corrosion.
. Les rallonges de dépression.

Les carters quand à eux sont en très bon état une fois décrassés. Un bon coup de « gouache » sur tout ça et les vis vont pouvoir tourner dans l’autre sens.
Mais avant un travail de précision s’impose. Calculer les jeux de palier de vilo.
Je garde mes coussinets de bielles qui ne présentent pas de rayures et sont dans les tolérances moyennes.
Merci à Honda d’avoir pensé à faire des marquages relativement lisibles et gravés. Pas comme sur les 500 four ou la peinture à fuguée depuis « belle burette ».
La prudence à ce niveau étant conseillée, je confie le vilo à mon métrologiste préféré qui ne relève pas d’ovalisation néfaste. Ni de vrillage.
Je peux désormais lancer ma commande de pièces. Service rapide. 5 jours et un gros carton est déposé.
Que c’est beau toutes ces belles pièces neuves. En 40 années de métier je devrais y être habitué, ben .. non..
Je ressors mon plastigage pour être certain de mes jeux de paliers. Curieusement, entre les calculs et le relevé au plastigage le jeu est un peu plus libre. J’espérais être plus proche du mini. Sur les paliers 1 et 2 je ne suis pas loin du maxi.
J’hésite car je suis dans les tolérances. Petit moment de solitude et le cul entre deux chaises, j’opte pour remonter en l’état.
Le beau carter pas fissuré.


Je replonge sur le rhabillage de la culasse. Et le réglage des soupapes.
Un beau jeu de pions.

Tous les organes sont remis à leurs places respectives. Comme je suis seul et que je n’ai pas les mains de Siva , je remonte les pistons équipés de leurs bielles dans les cylindres et j’emboite le tout sur le bloc . Le vilo sera posé après.
Un peu obsédé par les suintements je préfère assurer côté étanchéité vis inférieures.

Le carter d’embrayage sera poli à la main s’il vous plait.

Il n’y a pas eu de difficultés particulières pour la suite. Alors, Patron !!! La tournée générale.

Un mano de pression d’huile à aiguille sera posé provisoirement pour me tranquilliser.
Mauvais souvenir d’un moteur de 500 four, refait à neuf, qui a grippé suite à une pompe à huile neuve défectueuse.
La partie cycle m’apparaît moins problématique. Quoique. ….
Elle a reçu plusieurs passages au noir ferronnerie. Genre « cacatouage »
L’idéal serait un sablage digne de ce nom et une belle robe époxy.
Seulement, la belle robe je ne la veux pas noire ni grise, identique aux machines du commerce. Je veux un aspect nickelé.
Sans aller jusqu’à une partie cycle signée Rickman , je n’ai pas les moyens , un gris pailleté me sied parfaitement.
Débarrassé de tout ce qui ne supporte pas la flamme, il sera décapé au brûle-gueule.
Apprêté et recouvert d’un mélange de gris argent et de fines paillettes.

Pas vraiment décidé sur la teinte de l’habillage j’hésite entre le bleu pur et le rouge Ferrari.
Une teinte origine c’est joli sur une machine d’origine. Pas sur mon brêlon modifié.
Je m’accorde un temps de réflexion car quelques modifications perso m’attendent.
En fouillant et farfouillant encore sur le ebay je trouve une selle speed signée Giuliari .
Plus destinée à être posée sur une prolink , il va me falloir adapter.
Le but est de gommer partiellement l’aspect camionesque qui m’avait tant ébloui au salon. De 77. Tout en conservant la ligne vintage .
Peut-être aussi pour me démarquer et posséder un exemplaire unique qui ne sera pas au gout de tout le monde. Mais ça je m’en contrefous.
Il me faut réduire le cul de selle en largeur et hauteur. Tronçonner les ancrages de selle pour y souder des nouveaux et adapter un support pour un feu arrière emprunté sur un scooter. Rallonger le réservoir de 10 cms . J’aurais pu adapter un réservoir prolink . Pourquoi faire simple. hein !!!
Résine, ponçage, masticage, ponçage et peinture.
Mon choix est fait en passant à côté d’une auto Suzuki . Je trouve cette teinte sobre et éclatante à la fois. Ni trop voyante ni pas assez. Et si, par hasard, des fois que, je n’aime pas, le pistolet « pistolera » deux fois.
Soyons honnêtes. Au premier abord, j’ai failli gerber. Une fois posé sur le gris du cadre, je n’ai pas ressenti de nausées. Une fois (oui ça fait beaucoup de fois ma foi) enjolivé, j’ai aimé.




Je n’ai pas l’intention ni la prétention de faire de la piste. Cela dit, j’ai tellement lu les bienfaits du bras Martin que ça me parait indispensable. Bien difficile à dégoter à prix raisonnable. Je fini par trouver l’objet rare. Il n’est pas rutilant, d’où le prix demandé, mais il conviendra pour un provisoire qui risque de s’éterniser.

4 roulements neufs s’imposent. Il faudra aussi trouver un axe de roue.
Le freinage est un point faible connu sur la CBX. Il y a plusieurs solutions. Monter des étriers 4 pistons de type A en conservant les disques de 276 mm ou remplacer la fourche par une prolink avec son système de freinage.
Les fonds commençant à être en baisse, je décide de me séparer de toutes les bonnes pièces qui ne me sont plus utiles.
La chance me sourit encore. Une fourche complète avec disques et étriers pour 300€

Je conserverais le freinage avant jusqu’en 2013. Moment ou j’ai décidé de remplacer les roues d’origine par des 1000 VFF . Les gros disques fonte ventilés seront échangés contre des 650 deauville de 296 mm.
Le passage en 17 pouces va me permettre de passer un pneu de 160 à l’arrière.
En revanche je vais conserver les étriers qui seront modifiés au niveau de la largeur de la pince.


Dans le même temps je remplace le radiateur d’huile par un plus grand issu d’une 1200 XJR.
Les canalisations flexibles d’origines se mettent en place sans problème.

Revenons en 2008.
Le faisceau électrique va subir quelques modifications arrière. Toutes les connexions, le démarreur, l’alternateur, relais seront passés au crible.
Une cure de rajeunissement de la platine compteur qui va passée du noire à l’alu poli.

Pas forcement une bonne idée quand le soleil donne. Ce dont je ne me rendrais compte que plus tard.
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